Ce ne sont pas les bulldozers aux ordres d'A'Liénor qui remuent la terre, en ce moment, du côté de Claracq et d'Auriac. Le concessionnaire choisi par l'État pour gérer la future autoroute Pau-Langon (A 65) n'a en effet pas d'autre choix possible, pour se lancer à l'assaut des coteaux du Nord-Béarn, que d'attendre d'avoir en mains le feu vert du ministère de l'Écologie de Jean-Louis Borloo. Ce qui ne devrait plus tarder. Non, pour l'heure, ce sont les archéologues qui s'activent. Conformément à la loi.
« Sauver » ce qui peut l'être. L'archéologie préventive intervient avant chaque grand chantier d'infrastructure d'importance, afin de « sauver » ce qui peut l'être en termes de connaissance de l'histoire humaine ou d'objets anciens. L'A 65 n'échappe pas à la règle. Dans le périmètre immédiat des 150 km de tracé entre Pau et Langon, dix-huit sites ont été désignés, à ce jour, comme « à fouiller ». Mais une dizaine d'autres pourraient s'ajouter à la liste d'ici peu.
C'est en Béarn, à Auriac et Claracq, qu'ont démarré, début mai, les premiers chantiers de fouilles. À Auriac, où le périmètre s'étend sur 8 000 m2 des « outils » préhistoriques datant de 300 000 ans ont été mis à jour. De même que des fragments de poteries et des silex pourtant rarissimes à l'état naturel dans la région.
L'enceinte des fouilles est beaucoup plus ramassée 1200 m2 du côté de Claracq. Mais pas moins intéressante d'un point de vue archéologique. Le cadastre napoléonien de 1834 mentionnait un tertre, c'est-à-dire une surélévation de la terre recouvrant une sépulture millénaire. L'équipe d'archéologues de Jean-François Chopin n'a eu aucun mal, à quelques dizaines de mètres près, à mettre à jour le monticule et les innombrables galets puisés dans les rivières voisines qui le recouvrent.
Des restes humains ? Une curiosité que les vingt-cinq élèves de sixième du collège de Garlin (qui travaillent depuis le début de l'année sur leur patrimoine local) ont eu le privilège de découvrir, hier, grâce à la volonté tenace de leur professeur, Mme Pagès. Un ouvrage daté d'environ 2000 ans avant Jésus-Christ, qui constituait la « dernière maison » de Béarnais de l'époque vivant d'élevage sur une zone marécageuse.
Aucune chance de découvrir des restes humains, « la terre est trop acide ». Sauf pour ceux qui auront été incinérés comme cela se pratiquait souvent. Dès lors, « on a de bonnes chances de trouver du matériel (os, objets) archéologique ». Les archéologues ont jusqu'à la mi-juin pour cela. Passé ce délai, ils devront libérer le terrain en vue des travaux, ou justifier une demande de prolongation.
Tout ce qui est délicatement extrait du sol prend le chemin du Service régional d'archéologie d'Aquitaine, à Bordeaux. Puis viendra le temps des bulldozers de l'A 65. C'est du côté de Boueilh-Boueilho-Lasque, pour la partie béarnaise du tracé, qu'ils devraient lancer les grandes manoeuvres.
Source : Sud Ouest du mercredi 28 Mai
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